Délimitation de l’espace rural et urbain : des vides et des pleins ?

La difficulté de délimiter un espace rural et urbain

Ces espaces sont difficiles à délimiter de part le manque de limite marquée entre rural et urbain. De plus la définition de la ville varie d’un pays à l’autre, ce qui ne facilite pas la compréhension de l’espace.

Les espaces ruraux sont des espaces anthropisés, profondément modifiés par les sociétés, sans être pour autant entièrement artificialisés. Ils se distinguent des espaces dits « naturels », peu anthropisés, et des espaces urbains, dont la majorité des sols ont été artificialisés.

Il est difficile de définir les espaces ruraux. Alors que la ville ou la campagne correspondent à des évidences paysagères pour le langage courant (évidences qui ne sont qu’apparentes), les notions d’espaces ruraux et d’espaces urbains témoignent d’une volonté des sciences sociales de s’extraire des intuitions pour définir ces deux catégories d’espace. En réalité, les statistiques ont souvent défini les espaces ruraux en creux, comme le négatif de la ville : sont ruraux tous les espaces qui ne sont pas urbains. Or, la définition de l’urbain étant très variable d’un État à l’autre, il en va nécessairement de même pour la définition en creux de l’espace rural. En outre, les espaces périurbains, selon les approches, sont parfois intégrés aux espaces urbains, parfois considérés comme ruraux, ou bien ils peuvent former une catégorie distincte.

De plus dans l’imaginaire commun, on oppose souvent la ville (donc l’espace urbain) à la campagne (donc l’espace rural) comme si ces deux espaces étaient forcement opposés. Dans cette logique les exodes sont linéaires, de la ruralité vers l’urbain ou inversement, mais cela est négligé les échanges entre ces deux espaces. Ainsi a force de renvoyer et comparer exode rural et exode urbaine on y crée une dualité entre les deux et surtout entre la ville et la campagne, alors qu’initialement il y a une forte relation entre la ville et les campagnes .

En France, une ville correspond à ce que l’INSEE dénomme une unité urbaine. Celle-ci est identifiée à partir de deux critères : numéro 1 la continuité du bâti, et numéro 2 le nombre d’habitants. Ainsi, une unité urbaine est définie comme une commune ou un ensemble de communes qui présente une zone de bâti continu – il ne doit pas exister de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions – comptant au moins 2 000 habitants. Une unité urbaine peut s’agglomérer soit sur une seule commune, on parlera alors de « ville isolée », soit sur plusieurs communes, dans ce cas on l’appellera « agglomération multicommunale ».

Différentes statistiques sur la répartition de la population dans les communes françaises

En France la ville est défini selon plusieurs critères, l’un d’eux est une population d’au moins 2000 habitants, ainsi nous pouvons considérer qu’en dessous de 2000 habitant la commune se trouve en milieu rural. Ainsi en 2022 cela signifie que environ 81,5 % des Français vivent dans des villes.

En 2017, 15 millions d'habitants vivaient dans des communes de moins de 2 000 habitants, 15 autres millions dans des communes de 2 000 à 10 000 habitants, 22 millions dans des communes de 10 000 à 100 000 habitants, et 10 millions dans des communes de plus de 100 000 habitants. Évidemment, ces chiffres posent le problème de l'échelle communale, les habitants d'une même agglomération étant répartis dans plusieurs communes.
En 2017, 15 millions d’habitants vivaient dans des communes de moins de 2 000 habitants, 15 autres millions dans des communes de 2 000 à 10 000 habitants, 22 millions dans des communes de 10 000 à 100 000 habitants, et 10 millions dans des communes de plus de 100 000 habitants. Évidemment, ces chiffres posent le problème de l’échelle communale, les habitants d’une même agglomération étant répartis dans plusieurs communes.
(c) DATAR

Ainsi comme le montre ces statistiques ci dessus, l’espace urbain représente la majeure partie de la population, mais ne représente qu’une part très moindre des communes. En effet un peu moins de 5000 communes ont plus des 2000 habitants nécessaire pour les qualifiers de ville. Et si on ne prend que les villes au dessus de 10 000 habitants on tombe sous les 1000 communes. Ainsi la carte par anamorphose ci contre traduit ce décalage évident entre espace urbain peuplé et espace rural moins dense mais plus étendue sur l’espace. Cette différence est d’autant plus frappante quand l’on compare avec une vue aérienne de la France. (Cf photo issu de l’académie de Nantes)

Des vides et des pleins en France ?

Pouvons nous vraiment associer les notions de vides et de pleins à l’espace rural et urbain ? Prenons le cas de la France

Le fait est qu’en France certain territoire sont soumis à une forte déprise rurale encore aujourd’hui, donnant ainsi naissance à ce que l’on appel « la diagonale du vide ». Cet espace de faible densité pourrait être ce qui se rapproche le plus d’une zone de vide en France. Cependant il n’est pas possible de nécessairement relié l’espace rural à la notion de vide (en tout cas toujours dans le cas français). En effet, en dépit de cet diagonale du vide, certains territoires ruraux restent très attractive et économiquement fort comme par exemple l’espace alpin, qui certes en terme de population ne présente pas de « plein démographique », mais représente quand même un fort aspect économique en France. De la même manière que certaine ville ne sont pas des zones de « pleins » de part le manque cruelle de service publique, comme les services de santé et d’éducation. Ainsi ces notions de vides et de pleins reste à relativiser.

Les friches, comme exemple de vide lié à l’exode

Le plus simple pour trouver des espaces de vide lié à l’exode rural ou urbain est d’observer des cas à grande échelle.

Parts of Pyramiden from an arial view. (Image: Bjarne Otnes / Governor of Svalbard)

Les friches représentent un bonne exemple territoriale des conséquences de l’exode, aussi bien urbain que rural, et permettent également de définir la notion de vide. Ici contre, un cas assez extrêmes de l’ancien camps de l’URSS, « Pyramiden », situé au Svalbard. Cet espace est totalement abandonné depuis 1988, et est depuis une « ville fantôme ». Ce camp avait été construit pour la production minière, et été occupé de manière autonome par une communauté de plus de 1000 employés. Ainsi de part l’arrêt de la production minière en 1988, la ville se vida complétement. En effet, l’activité économique était là le seul intérêt de cet espace pour que les habitants y vivent, faute de ça l’espace s’est vidé complément, formant ainsi un exode urbain.

Bien sûr, le cas de Pyramiden est très particulier mais permet de bien représenter l’image d’une friche sur un espace. D’un côté on peut voir une forme de vie et d’activité d’antan, mais aussi on peut voir un exode fort, au point que l’espace n’a même pas été jugé bon d’être requalifié. De ce fait nous pouvons conclure en disant que certes, à petite échelles, la notion de vide reste à relativiser mais à grande échelle certains espaces sont la représentation matérielle et territoriale de ce vide.